pour retourner en Espagne, quelques dangers que nous eussions encore à courir. »
Les Espagnols doublèrent le cap le 6 mai ; mais il fallut s’en approcher à la distance de cinq lieues, sans quoi ils n’en seraient jamais venus à bout. Ils naviguèrent encore deux mois sans interruption, et perdirent vingt-un hommes, tant chrétiens qu’Indiens, et observèrent, en jetant les corps à la mer, que ceux des chrétiens restaient toujours la face tournée vers le ciel, tandis que ceux des Indiens avaient le visage plongé dans la mer.
Ils manquaient totalement de vivres. « Si le ciel, s’écrie Pigafetta, ne nous eut pas accordé un temps favorable, nous serions tous morts de faim. » Le 7 juillet, la disette les força de mouiller à San-Iago, une des îles du cap Vert. Un canot alla à terre avec treize hommes. Comme on était en terre ennemie, ils cachèrent de quels pays ils venaient ; on ajouta foi à leurs discours, et on leur fournit des vivres. Cependant, le canot étant retourné à terre une troisième fois, Caño s’aperçut qu’on le retenait et qu’on faisait des mouvemens pour s’emparer de son navire. Aussitôt il appareilla, et, poursuivant heureusement sa route, il entra dans le port de San-Lucar le 6 septembre 1522, après un voyage de trois ans et quatorze jours. Il n’avait plus avec lui que dix-huit hommes d’équipage, épuisés de fatigue, et la plupart malades.
Comme la route des Espagnols avait été de