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porter ; ces voleurs ne voulurent même se retirer qu’après que les bons frères les eurent menacés de leurs fusils.

Jusqu’ici l’histoire de ces missionnaires du Groënland n’est que celle de leur misère. L’année 1737 fut pourtant un peu moins disetteuse que les précédentes. Quoique les frères eussent plus de personnes à nourrir, et que le bateau ne pût aller en mer, le jour de Pâques ils mangèrent encore du pain, avec une perdrix chacun. Ils échangeaient de la bière pour des pois, et buvaient de l’eau. Quelquefois un Groënlandais venait leur vendre du pain qu’on lui avait donné à la colonie ; d’autres fois on leur apportait des œufs. Un jour qu’ils trouvèrent un phoque mort avec le harpon dans le flanc, le pêcheur qui avait tué le monstre leur en offrit un autre pour ravoir son harpon. Ces soins de la Providence étaient mérités et secondés par leur industrie. Ils avaient été obligés de faire fondre la neige et la glace dans leur chambre pour boire durant tout l’hiver ; ils essayèrent de creuser un puits, et trouvèrent une source abondante qui ne les laissa plus manquer d’eau.

Christian Stach vint les rejoindre. Il était parti l’année précédente avec Égède, et ces deux missionnaires avaient essuyé de rudes tempêtes pendant leur retour en Danemarck ; une entre autres qui les accueillit sur la côte de la Norwége au milieu d’un brouillard épais, et qui, pour peu qu’elle eût duré, les aurait sub-