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mois et demi, il perdit vingt-sept hommes. Arrive à Ternate, il y trouva les Portugais établis ; Antoine de Brito, leur chef, s’empara de la Trinité, de la cargaison et des papiers, et permit à Espinosa de retourner en Espagne. Après cinq ans d’absence, cet infortuné navigateur y revint en 1524.

La Victoire fut le seul des cinq de l’escadre qui revit l’Europe. Elle avait quitté Tidor le 21 décembre 1521. Elle passa au milieu de plusieurs îles et fit route au sud-sud-ouest. À Boorou, les Espagnols trouvèrent des vivres en abondance. Pigafetta décrit plusieurs fruits de cette île : le comilicai, qui est de la forme d’un cône de pin, a le goût exquis. On le trouve dans toutes les Moluques. C’est l’ananas. Plusieurs îles voisines sont habitées par des peuples anthropophages. Échappée à une tempête, la Victoire attérit à Malloua près de Solor. « Les habitans, dit Pigafetta, sont sauvages et ressemblent plutôt à des bêtes brutes qu’à des hommes : ils sont anthropophages et vont tout nus, sauf un petit morceau d’écorce d’arbre à la ceinture : mais, quand ils vont combattre, ils se couvrent la poitrine, le dos et les flancs de morceaux de peaux de buffle, ornés de coquillages et de dents de cochon ; ils s’attachent par-devant et par-derrière des queues faites de peaux de chèvres. Leurs cheveux sont retroussés sur leur tête, au moyen d’une espèce de peigne de cannes à longues dents, qui passent de part en part. Ils enveloppent leurs bar-