rions les mers, et que nous avions visité une infinité d’îles, toujours en cherchant les Moluques.
» Les Portugais ont débité que les îles Moluques sont placées au milieu d’une mer impraticable à cause des bas-fonds qu’on rencontre partout, et de l’atmosphère nébuleuse et couverte de brouillards ; cependant nous avons trouvé le contraire ; et jamais nous n’eûmes moins de cent brasses d’eau jusqu’aux Moluques mêmes.
» Le vendredi, 8 du mois de novembre, trois heures avant le coucher du soleil, nous entrâmes dans le port de l’île de Tadore (Tidor.) Nous allâmes mouiller près de la terre par vingt brasses d’eau, et tirâmes toute notre artillerie.
» Le lendemain le roi vint dans une pirogue, et fit le tour de nos vaisseaux. Nous allâmes à sa rencontre avec nos canots, pour lui témoigner notre reconnaissance : il nous fit entrer dans sa pirogue, où nous nous placâmes auprès de lui. Il était assis sous un parasol de soie qui le couvrait entièrement. Devant lui se tenait un de ses fils qui portait le sceptre royal : deux hommes avec des vases d’or pleins d’eau pour lui laver les mains, et deux autres avec des coffrets dorés remplis de bétel. Il nous complimenta sur notre arrivée, en nous disant que depuis long-temps il avait rêvé que des navires devaient venir des pays lointains aux Moluques ; que, pour s’assurer si ce songe était véritable, il avait examiné la lune, dans la-