Gomez d’Espinosa, après avoir raconté à Carvallo tout ce qu’il avait vu, lui conseilla de s’éloigner jusqu’à ce qu’ils eussent une connaissance plus particulière de ce peuple ; le commandant suivit cet avis. Cependant l’on eut besoin de goudron, et l’on envoya cinq hommes dans un canot pour acheter de la cire, afin d’en faire une préparation qui pût suppléer au goudron. Trois jours se passèrent sans que les Espagnols vissent revenir ces hommes. Les soupçons qu’ils concevaient s’augmentèrent, quand, le 29 juillet, ils aperçurent près d’eux plusieurs grandes jonques, et cent cinquante tungoulis ou petites barques qui s’avançaient vers eux en trois divisions. Aussitôt ils mirent à la voile avec tant de précipitation, qu’ils abandonnèrent une ancre. Ils commencèrent par attaquer les jonques, et en prirent une dans laquelle était le fils du roi de l’île de Luçon, qui venait d’une expédition contre une petite île au sud de Bornéo.
Carvallo rendit la liberté à ce chef, moyennant une forte somme d’or, particularité dont il n’instruisit pas ses compagnons ; il se contenta de leur dire que le prisonnier avait promis de renvoyer les Castillans ; mais il n’en revint que deux. Les trois autres, parmi lesquels était le fils de Carvallo, furent retenus à terre. Les Espagnols, de leur côté, gardèrent à bord seize insulaires et trois femmes pour les conduire en Europe.
Pigafetta, en parlant des productions de