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vint à notre rencontre avec des flambeaux faits avec des cannes et des feuilles de palmier, roulées et remplies de la résine appelée anime. Pendant qu’on préparait le souper, le roi, avec deux chefs et deux femmes assez jolies, vidèrent un grand vase plein de vin de palmier, sans rien manger. Ils m’invitèrent à boire comme eux ; mais je m’excusai en disant que j’avais déjà soupé, et je ne bus qu’un coup. En buvant, ils pratiquaient les mêmes cérémonies que le roi de Massana. On servit dans des jattes de porcelaine le souper, qui n’était composé que de riz et de poisson fort salé. Ils mangeaient le riz en guise de pain. Voici comment ils le font cuire : on met dans un grand pot de terre qui ressemble à nos marmites une grande feuille qui couvre entièrement le dedans du vase ; ensuite on y jette l’eau et le riz, et on couvre le pot. On laisse bouillir le tout jusqu’à ce que le riz ait acquis la fermeté de notre pain, et on l’en tire par morceaux. C’est de cette manière qu’on cuit le riz dans toutes les îles de ces parages.

» Le souper fini, le roi fit apporter une natte de roseaux avec une autre faite de feuilles de palmier, et un oreiller de feuilles. C’était mon lit, où je couchai avec un des chefs ; le roi alla coucher ailleurs avec ses deux femmes.

» Le lendemain je fis une tournée dans l’île ; j’entrai dans plusieurs cases habitées comme celles des autres îles ; j’y vis beaucoup d’ustensiles et fort peu de vivres. Après le dîner, je