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mais à condition qu’on lui confierait deux fils des principaux de l’île pour les conduire en Espagne, où ils apprendraient la langue espagnole, afin de pouvoir, à leur retour, donner une idée de ce qu’ils y auraient vu. »

Le roi, dont le nom était Raja Humabon, fut baptisé avec le prince héréditaire, le roi de Massana, le marchand maure dont il a déjà été parlé, et plus de cinq cents insulaires. Le roi fut nommé Charles ; le prince, Ferdinand ; le roi de Massana, Jean, et le marchand maure, Christophe. Les autres reçurent différens noms. On célébra ensuite la messe, puis on alla dîner à bord, à l’exception du roi, qui s’excusa d’y venir. Après diner, l’on baptisa la reine, l’épouse du prince, celle du roi de Massana, et plus de quatre cents autres femmes avec des enfans. La reine, jeune et belle personne, était vêtue d’une pièce de toile blanche et noire ; elle avait sur la tête un grand chapeau fait de feuilles de palmier en forme de parasol, surmonté d’une triple couronne formée des mêmes feuilles, qui ressemblait à la tiare du pape, et sans laquelle elle ne sort jamais. Sa bouche et ses ongles étaient peints d’un rouge très-vif.

Presque tous les habitans de Zebu et des îles voisines étaient convertis à la religion chrétienne ; un seul village refusa de l’embrasser. Aussitôt l’esprit d’intolérance, malheureusement si commun chez les navigateurs et les conquérans du seizième siècle, se déploya dans toute sa fureur. Le village fut brûlé, et l’on