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île déserte, en revenant de la pêche sans avoir rien pris, ils virent un aigle sur son nid, et le tuèrent d’un coup de fusil. Après avoir grimpé, non sans beaucoup de peine, à la hauteur du nid, ils y trouvèrent deux gros œufs, et l’oiseau mort qui pesait douze livres, et dont les ailes leur fournirent quatre-vingt-huit plumes à écrire ; ce qui fut pour eux une espèce de fortune.

Enfin un Groënlandais vint annoncer à la colonie qu’il était arrivé à trente lieues au sud un vaisseau allemand dont le capitaine avait des lettres pour les Européens. En effets bientôt après on vit une chaloupe qui apportait un tonneau de provisions avec une lettre d’Amsterdam. C’était un des frères moraves établis en Hollande qui faisait cet envoi, pour essai, à ceux du Groënland, les priant de lui donner des nouvelles de leur mission, et de marquer s’ils avaient reçu ce tonneau, et si la voie qu’on avait prise pour l’envoyer était propre à former une correspondance. Ils répondirent par le capitaine, qu’ils allèrent joindre avec leur bateau, que l’envoi était venu à bon port, qu’ils recevraient avec reconnaissance, par les vaisseaux allemands, tous les vivres qu’on voudrait leur faire passer, et qu’au défaut de provisions, ils priaient qu’on leur envoyât un bon canot pour s’en procurer eux-mêmes par leur industrie.

D’un autre côté, ces enfans de la Providence, qui se plaisait à les surprendre, ne reçurent