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Chaque fois que le roi voulait boire, il levait les mains au ciel, les tournait ensuite vers nous, et, au moment où il prenait l’écuelle avec la main droite, il étendait vers moi la gauche, le poing fermé ; de manière que la première fois qu’il fit cette cérémonie, je crus qu’il allait me donner un coup de poing ; et il restait dans cette attitude pendant tout le temps qu’il buvait : m’étant aperçu que chacun l’imitait, j’en fis autant. Ce fut ainsi que se passa notre repas ; et je ne pus me dispenser de manger de la viande, quoique ce fût le vendredi saint.

» En attendant l’heure du souper, je présentai au roi plusieurs choses que j’avais apportées ; et en même temps je lui demandai le nom de plusieurs objets dans leur langue ; ils étaient surpris de me les voir écrire.

» Le souper vint : on apporta deux grands plats de porcelaine ; l’un contenait du riz bouilli, l’autre du porc cuit dans son bouillon. On suivit d’ailleurs les mêmes cérémonies qu’au goûter. Nous passâmes de là au palais du roi, qui avait la forme d’une meule de foin. Il était couvert de feuilles de bananier, et soutenu, à une assez grande distance de terre, sur quatre grosses poutres ; on se servit d’une échelle pour y monter.

» Le roi nous fit asseoir sur des nattes de roseaux, les jambes croisées comme les tailleurs. Une demi-heure après, on apporta un plat de poisson rôti, coupé par morceaux, du gingembre qu’on venait de cueillir, et du vin.