entièrement. Le lendemain deux autres apportèrent à bord un guanaco ; le capitaine leur fit donner à chacun une camisole rouge dont ils furent fort satisfaits.
» Six jours après il en vint un plus grand et mieux fait que les autres ; il avait aussi les manières plus douces ; il sautait si haut et avec tant de force, que ses pieds s’enfonçaient profondément dans le sable. Il passa quelques jours avec nous. Nous lui apprîmes à prononcer le nom de Jésus, l’oraison dominicale, etc. ; ce qu’il fit aussi bien que nous, mais d’une voix extrêmement forte. Enfin on le baptisa en lui donnant le nom de Jean. Le capitaine général lui fit présent d’une chemise, d’une veste, de caleçons de drap, d’un bonnet et de diverses bagatelles. Il retourna vers les siens en paraissant fort content de nous. Le lendemain il apporta au capitaine un guanaco, et reçut d’autres présens pour qu’il nous en amenât encore d’autres ; mais depuis ce jour nous ne le revîmes plus, et nous soupçonnâmes même que ses camarades l’avaient tué, parce qu’il s’était attaché à nous. Cet homme voyant à bord jeter des rats à la mer, les demanda pour les manger, et pendant six jours ne fit autre chose que porter à terre les rats et les souris que l’on prenait.
» Ce ne fut qu’après plus de vingt jours d’intervalle que les Indiens reparurent. Ils étaient au nombre de quatre, sans armes ; mais nous sûmes ensuite qu’ils les avaient cachées derrière