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laissa paisiblement conduire dans une petite île où le capitaine était descendu. « Cet homme était si grand, dit Pigafetta, que notre tête touchait à peine à sa ceinture. Son visage était large et teint en rouge, à l’exception des yeux qu’il avait entourés de jaune, et de deux taches en forme de cœur sur les joues. Ses cheveux, qui étaient en petite quantité, paraissaient blanchis avec quelque poudre. Il portait un manteau fait de peaux cousues ensemble, et une chaussure de la même peau. Il tenait de la main gauche un arc court et massif, dont la corde était faite d’un boyau ; de l’autre main il portait des flèches de roseau courtes, ayant d’un côté des plumes comme les nôtres, et à l’extrémité, au lieu de fer, la pointe d’une pierre à fusil blanche et noire. Ces sauvages forment, de la même espèce de pierre, des outils tranchans pour travailler le bois.

« Le capitaine général lui fit donner à manger et à boire, et parmi d’autres bagatelles, lui présenta un grand miroir d’acier. Le géant, qui probablement voyait pour la première fois sa figure, recula si effrayé, qu’il renversa quatre de nos gens qui étaient derrière lui. On lui donna des grelots, un petit miroir, un peigne et quelques grains de verroterie. Ensuite on le remit à terre, en le faisant accompagner par quatre hommes bien armés.

» Un de ses camarades le voyant de retour, courut en avertir d’autres ; ceux-ci s’apercevant que nos gens armés s’approchaient d’eux,