entreprise jusqu’à ce que je trouve un détroit, ou la mer ouverte à l’extrémité de ce continent, et je rencontrerai certainement l’un ou l’autre. La navigation est sans doute périlleuse en hiver sur cette côte ; mais elle redevient facile au retour du printemps. Rien alors ne pourra nous empêcher de prolonger le continent jusque sous le pôle. Ignorez-vous que nous arriverons dans des lieux où nous jouirons de la lumière du soleil pendant plusieurs jours de suite ? Je m’étonne que des hommes comme les Castillans fassent paraître cette faiblesse. Vous n’avez pas à vous plaindre de la disette des vivres ; sur ce rivage nous avons abondance de bois, de bonne eau, de poisson et de gibier. Le biscuit et le vin ne vous ont pas manqué, et vous en aurez toujours en suffisance, si vous vous conformez à ce que j’ai réglé. Notre retour serait d’autant plus honteux que nous n’avons encore rien fait pour la gloire. Nous ne sommes qu’à la hauteur du pôle, où les Portugais sont tant de fois arrivés avant nous. Au reste, je le déclare, j’aime mieux mourir que retourner en arrière honteusement. Je suis persuadé que la plupart de ceux qui m’accompagnent sont animés de ce courage naturel aux Castillans, comme ils l’ont témoigné en de plus grandes occasions, et comme ils le font voir encore tous les jours. Passons donc l’hiver ici, et attendons avec patience la saison favorable qui nous per-
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