survint en ce lieu une si violente tempête, que les câbles de la capitane furent rompus, et qu’elle faillit d’être jetée à la côte.
Après beaucoup d’autres traverses, ils trouvèrent le 31 mars, par 49° 30′ de latitude sud, un bon port que Magellan nomma le port Saint-Julien, et où il résolut de passer l’hiver ; car on sait que dans ces contrées australes cette saison a lieu depuis mai jusqu’en septembre, précisément dans le temps qui correspond aux grandes chaleurs de nos climats.
Magellan avait déjà éprouvé la répugnance des capitaines de la flotte à se soumettre à ses ordres. Il avait été obligé d’ôter le commandement du Saint-Antoine à Cartagéna, qu’il remplaça par Mesquita, un de ses parens ; et quoiqu’il nommât quelque temps après Cartagéna capitaine de la Conception, il ne put apaiser sa haine ; Mendoça et Quésada partageaient aussi les mêmes sentimens. À peine le capitaine général avait-il annoncé que l’on hivernerait dans la baie Saint-Julien, et réglé la distribution des vivres, que les équipages, excités par les mécontens, se plaignirent de la rigueur du froid et des privations qu’ils avaient à endurer ; enfin tous demandèrent à retourner en Espagne. Magellan, en homme qui a prévu toutes les difficultés, et que rien n’ébranle, leur répondit : « Je préfère la mort à la honte de manquer à ma promesse. Le roi m’a chargé de ses ordres, je les exécuterai. À tout événement, mon dessein est de suivre cette