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ginaire tracé par le pape fixait le terme où devaient s’arrêter de part et d’autre toutes les prétentions : or, comme on ignorait les lieux où cette ligne devait passer, et que l’on manquait des moyens de les connaître, il s’ensuivit des contestations, dont celle qui occupait alors la cour d’Espagne est la plus remarquable. Tous les cosmographes croyaient alors, d’après Ptolomée, que les côtes de Siam et de Cochinchine étaient à 180° de longitude, comptés du méridien des îles Canaries ; il pouvait, en conséquence, y avoir des difficultés entre le Portugal et l’Espagne sur la possession de quelques points de ces côtes. Cependant les Moluques, situées à une grande distance à l’est, semblaient se trouver dans la moitié du monde concédé à l’Espagne. Cette dernière puissance pensa qu’elle donnerait plus de poids à ses prétentions si elle envoyait chercher ses îles du côté de l’ouest. Mais il fallait pour cela contourner la barrière que le continent d’Amérique semblait opposer de ce côté. Magellan s’y était engagé ; il confirma devant Charles-Quint ce qu’il avait dit à son ministre ; et, pour prouver la possibilité de ce qu’il avançait, il montra au roi, sur une carte ou un globe ingénieusement enluminé, la route qu’il se proposait de suivre pour aller aux Moluques par l’ouest. L’on y voyait un détroit tracé immédiatement à la suite des terres les plus au sud de l’Amérique. L’on demanda à Magellan comment, dans la supposition où le détroit n’exis-