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a bâti un hangar à la groënlandaise pour y mettre deux grands bateaux et le bois de charpente à couvert des ouragans et de la neige.

À droite et à gauche du grand édifice, les Groënlandais ont construit sur la croupe des rochers qui descendent à la mer leurs habitations d’hiver ; et derrière ces maisons leurs magasins de vivres ou de provisions de chairs, de graisse et d’huile de poisson. Les caisses de harengs saures, qui font leur nourriture ordinaire ; les pelleteries pour les tentes, et les autres ustensiles, sont dans un grand magasin fait de lattes de pin. Au-dessus est le grenier à foin pour les brebis. Les tentes, en été, sont plantées entre les deux rangées de maisons, sur un terrain uni. En hiver, les umlaks sont le long de la côte, la quille renversée, et soutenus sur des pieux ; ils servent de couvert aux haiaks, aux tentes ployées, et aux ustensiles de la pêche. Du côté du nord, derrière les cabanes, sont deux cimetières, l’un pour les baptisés, l’autre pour les inconvertis. Les tombes sont faites de pierres taillées dans le roc, et sont couvertes de mottes de terre, qui verdissent et ressemblent de loin à des couches de jardinage, comme si les Groënlandais ne pouvaient engraisser et féconder la terre où ils sont nés que de leurs cendres mêmes. Cependant, en été, l’on voit le gazon et le cochléaria étendre des palissades de verdure autour de leurs cabanes et sur leurs toits. Dans l’hiver, ce coup d’œil est remplacé par une illumination presque