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moules quand ils en trouvaient sur le sable à la basse marée. Cependant ils étaient contens, et ne se plaignaient jamais. Il est vrai qu’il régnait parmi tous ces malheureux une prévenance mutuelle. Si l’on prenait un phoque, toute la maison y avait part. Mais quand il fallait le dépecer entre soixante personnes les portions étaient petites, d’autant plus qu’on n’attaquait guère dans cette saison que de jeunes phoques. Le jour suivant nous partageâmes entre les indigens le peu de harengs qui s’était conservé de la pêche de l’été pour les besoins de l’hiver. On ne pouvait en faire une grande provision, il se gâtait à l’humidité ; car on n’avait point de magasin à Lichtenfels. »

Du reste, la belle saison y fut très-heureuse pour la pêche. Le facteur de la colonie voisine employa tout l’hiver à faire transporter et encaisser les huiles qu’il avait achetées en automne. Depuis que les herrnhuters se sont établis dans le Groënland, le commerce s’y est accru d’une année à l’autre, au point que leurs petites peuplades fournissent seules autant de cargaisons qu’on en tirait auparavant de tout le pays. C’est un objet d’environ cent cinquante tonneaux ou barils de marchandises.

Parmi les particularités de cette année, Crantz remarque un effet, ou du hasard ou de l’imagination, sur une maladie très-aiguë. C’était la goutte, dont un Groënlandais fut si tourmenté, qu’il voulait se fendre le pied où il en souffrait. Sa femme alla demander un re-