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Un troisième, nommé Flocco, pirate renommé de Norvége, voulut aussi reconnaître cette île dont il avait entendu parler. On lui attribue, une invention très-heureuse qu’il employa pour diriger sa route, au défaut de boussole et de compas qui étaient alors inconnus. Comme il parcourait les îles des mers septentrionales, sans découvrir celle qu’il cherchait, il prit trois corbeaux en partant de l’île de Hetland, l’une des Orcades, et en lâcha un lorsqu’il se crut bien avant en mer. Il reconnut qu’il n’était pas si éloigné de terre qu’il l’avait cru, puisque le corbeau reprit la route de Hetland. Il avança toujours, et lâcha un second corbeau qui revint dans le vaisseau après avoir beaucoup tourné de côté et d’autre sans voir de terre. Un troisième corbeau, lâché encore plus en avant en mer, découvrit l’Islande et s’y envola. Flocco remarqua la direction de son vol, le suivit des yeux et de ses voiles, et arriva heureusement à la partie orientale de Gadars-Holm, où il passa l’hiver. Au printemps, se voyant assiégé des glaces qui venaient de Groënland, il donna le nom d’Island à cette île, et elle l’a toujours conservé. Flocco passa un second hiver dans la partie méridionale de l’Islande ; mais apparemment il ne s’y trouva pas bien, car il revint en Norvége où il fut appelé Rafnaflocco, c’est-à-dire, Flocco-le-Corbeau, en mémoire des corbeaux dont il s’était servi pour faire sa découverte.

Les annales islandaises ne marquent point