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écrivain de cette nation a publié, dans le dix-huitième siècle, une dissertation latine sur les voyages des anciens peuples septentrionaux, et il s’étend particulièrement sur ceux de ses compatriotes. Il s’attache surtout à démontrer que ces derniers ne méritent pas les reproches de barbarie et de grossièreté qu’on leur fait gratuitement sans les connaître. De tous les temps, dit cet écrivain, les Islandais ont aimé à voyager ; ceux qui n’étaient pas sortis de l’île étaient méprisés de leurs concitoyens, tandis qu’au contraire ceux qui revenaient après de longs voyages étaient fêtés, chéris et en grande vénération. L’auteur tire des preuves de ce qu’il avance de plusieurs maximes islandaises, recueillies dans les plus anciens écrivains de la nation. On voit en effet par là combien les Islandais étaient persuadés que les voyages servent beaucoup à l’instruction de la jeunesse et à perfectionner son éducation.

Ces insulaires sont sujets à ce qu’on appelle la maladie du pays, quoiqu’il soit assez apparent qu’ils sont beaucoup mieux et plus agréablement ailleurs que chez eux ; mais on ne doit pas en être surpris : cette faiblesse leur est commune avec toutes les nations. Si elle se trouve principalement chez celles du nord, qui paraîtraient devoir y être le moins sujettes, puisqu’elles ne peuvent guère que gagner à changer de climat, c’est que, leur pays étant moins fréquenté par les étrangers, et qu’eux-mêmes voyageant peu, l’habitude