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Leur boisson ordinaire est, comme on l’a dit, cette liqueur piquante qui reste après que le beurre est fait, et qu’ils appellent syre, lorsqu’ils l’ont préparée à leur manière.

C’est à tort qu’on a débité dans les géographies, et dans l’histoire même d’Islande, que ses habitans ne connaissaient presque point l’usage du pain. Il est vrai que, l’agriculture n’y étant point pratiquée, le blé et tous les autres grains y sont rares ; mais le commerce supplée à cette disette. Tous les ans on apporte dans ses ports de la farine et du pain cuit, qui se répandent par tout le pays. Il n’est point de port en Islande où il n’entre annuellement depuis quatre cents jusqu’à mille tonneaux de farine, outre deux ou trois cents tonnes de pain. Quoique cette provision ne soit pas suffisante pour que tous les insulaires mangent du pain tous les jours, au moins en est-ce assez pour qu’on ne puisse pas dire qu’ils en ignorent l’usage. Il est certain que les Islandais les plus pauvres font cuire communément du pain dans les jours de fêtes solennelles, pour des noces et autres assemblées de cette espèce, et que les autres en mangent toute l’année.

Le blé sauvage dont il a été parlé ci-devant, sert aussi à faire d’excellent pain. Malheureusement il se trouve en petite quantité ; mais il donne une farine si belle et si propre à faire du pain, qu’un habitant n’en donnerait pas une tonne pour une pareille quantité de farine de Danemark. La farine de ce blé sauvage a ce-