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nuits, qui, en été, sont assez claires pour ces sortes de travaux. Ils ont soin aussi d’attacher autour de leurs souliers un morceau de vadmal, gros drap du pays, ou de quelque autre étoffe de laine ; autrement ils seraient exposés à se brûler les pieds. En effet, lorsqu’on tire le soufre, il est si chaud, qu’on peut à peine le tenir dans les mains ; il se refroidit peu à peu dès qu’il est à l’air. Dans l’endroit où l’on a tiré du soufre une année, on peut en tirer encore l’année suivante, et même la troisième, les mines de soufre étant inépuisables.

Quelque bénéfice que le commerce de ce minéral paraisse offrir aux Islandais, ils s’y adonnent peu aujourd’hui, et différentes causes ont concouru à détruire cette branche de trafic. La première, c’est qu’un vaisseau qui était chargé de cette marchandise ayant échoué malheureusement au sortir du port, le soufre qui était tombé à la mer écarta tellement le poisson de cette côte, qu’il se passa plusieurs années avant qu’on pût en prendre. Cet événement dégoûta les habitans du commerce du soufre. Ce minéral était de plus devenu si commun dans les villes de commerce de l’île, qu’on a en avait plus de débit ; ainsi ceux qui l’apprêtaient perdant leurs frais et leurs peines, le soin d’en recueillir fut avec raison négligé.

Quoique Anderson prétende qu’il n’y a dans cette île ni sel ni source d’eau salée, il paraît, par le récit de l’auteur danois, que cette assertion est hasardée. « Je n’ai vu, dit-il, aucune