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passer au travers, et un toit garantit le poisson de la pluie. Le nom de hengefishur, que porte ce poisson ainsi préparé, vient de cette préparation même, henge signifiant suspendre, d’où le mot composé de hengefiskur veut dire poisson suspendu. Il se vend plus cher que le flackfiskur, et il est aussi plus estimé ; cependant on en fait beaucoup moins que de ce dernier, qui est, à proprement parler, la monnaie du pays ; aussi prépare-t-on communément cent livres de flackfiskur contre une de hengefiskur.

Ces deux sortes de poissons séchés se conservent très-long-temps, même pendant dix ans. Cependant on a vu qu’il n’entre point de sel dans cette préparation, et qu’elle consiste simplement à l’exposer à l’air. C’est dans les qualités de cet élément qu’il faut chercher les causes de cette conservation ; la pureté et la sécheresse de l’air, suivant Horrebow, sont les agens principaux de la dessiccation, à quoi il faut ajouter une chaleur modérée et constante pendant dix-huit ou vingt heures.

Avoir nommé les autres poissons, tels que le merlan, le turbot, le flétan, les plies et les soles, c’est les avoir assez fait connaître. Les Islandais en tirent les mêmes avantages que les autres peuples, c’est-à-dire qu’ils les mangent frais lorsqu’ils en prennent, et qu’ils font sécher pour leur provision tout ce qu’ils en ont de superflu.

Ces insulaires en usent de même à l’égard