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portent les buyses, et qu’en étant ébloui il ne peut discerner les pièges qu’on lui tend.

Les filets qui servent à pêcher le hareng ont des dimensions marquées par les ordonnances, dont il n’est pas permis de s’écarter. Aujourd’hui, au lieu de chanvre on y emploie une espèce de grosse soie qu’on tire de Perse, parce qu’on a trouvé que des filets de cette matière durent au moins trois ans, tandis qu’il fallait renouveler tous les ans ceux de chanvre. L’usage est de les teindre en brun à la fumée de copeaux de chêne. Ces filets ont mille ou douze cents pas de long, et on ne les retire qu’une fois dans la nuit ; d’un seul coup on prend quelquefois trois, quatre, cinq, dix et jusqu’à quatorze lats de harengs ; chaque lats comprend douze tonneaux, et le tonneau contient mille poissons.

Il n’est pas permis de jeter les filets avant le 25 juin, parce que le poisson n’est pas encore arrivé à sa perfection, et qu’on ne saurait le transporter loin sans qu’il se gâte. Chaque année, les États-Généraux rendent une ordonnance expresse, et font afficher des placards par lesquels il est enjoint aux maîtres de buyses, pilotes et matelots, de prêter serment avant leur départ de Hollande, de ne pas précipiter la pêche ; et à leur retour ils font un nouveau serment pour attester que ni leur vaisseau, ni aucun autre, n’a enfreint la loi, au moins à leur connaissance. En conséquence de ce double serment, on expédie des certificats à chaque