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sidérable de harengs, il est sûr que ce sont les Hollandais qui distribuent ce poisson par toute l’Europe, et que le commerce qu’ils en font est non-seulement beaucoup plus étendu que celui des Anglais, mais même supérieur à celui de toutes les autres nations.

Cette seule pêche nourrit en Hollande ordinairement plus de cent mille personnes, et elle en enrichit beaucoup. Huet fait monter à la quantité de trois cent mille tonneaux le produit annuel de cette pêche, qu’il évalue à vingt-cinq millions d’écus de banque, dont dix-sept millions en pur gain, et huit millions pour les frais. Fuincius soutient que les Hollandais pêchent par an quatorze mille huit cent millions de harengs. Doot prétend qu’en 1688 quatre cent cinquante mille Hollandais furent employés à la pêche du hareng.

Chaque année, à la Saint-Jean, les Hollandais se rendent, ainsi qu’on l’a déjà dit, aux îles de Shetland ou Hittland, du côté de Fairhill et de Bockeness, avec douze ou quinze buyses, sorte de barques destinées à cette pêche. Lorsqu’elles sont rassemblées, on navigue au nord-nord-ouest, et on jette le premier filet près de Fairhill, à minuit du lendemain de la Saint-Jean. La pêche ne se fait jamais pendant le jour, tant pour mieux reconnaître le fil du banc des harengs qu’on distingue plus aisément par le brillant de leurs écailles, et pour régler là-dessus la direction des filets, que parce que le poisson est attiré par la clarté des lanternes que