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tage aux habitans de la partie occidentale de l’Écosse et aux Irlandais, qui de tous côtés sont alors environnés de harengs. Toutes ces divisions s’étant à la fin réunies dans la Manche, ce qui est échappé aux filets des pêcheurs, à la voracité des poissons et aux oiseaux de proie, forme encore un nombre prodigieux, et se jette dans l’Océan atlantique, où il se perd ; du moins on n’en voit plus sur toutes les côtes de l’Europe.

Le hareng fréquente aussi les côtes de l’Amérique septentrionale ; mais il s’en faut beaucoup qu’il y soit aussi abondant qu’en Europe ; et, en tirant du côté du midi, on n’en voit plus au delà des fleuves de la Caroline. On ne sait pas si la colonne qui pénètre en Amérique est un détachement de la grande troupe descendant du nord, ou si c’est un reste de ceux qui s’en sont retournés par la Manche.

« Quoi qu’il en soit, dit un écrivain anglais, le hareng ne se trouve jamais, du moins en grande quantité, dans les pays méridionaux, comme l’Espagne, le Portugal, les côtes méridionales de la France, ni sur les côtes de l’Océan, ni dans la Méditerranée, ni dans les parages d’Afrique, comme s’il était défendu à ce poisson de se livrer à ces peuples, ainsi qu’il fait aux autres, pour les mettre dans la nécessité de tirer leurs provisions d’Angleterre. »

Quelque envie que ce même Anglais, par zèle pour son pays, paraisse avoir de nous persuader que sa nation fait un commerce con-