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tité d’autres gros poissons qui les attendent. Parmi ces ennemis des harengs on distingue entre autres le nordcaper (balæna glacialis), qui est un des plus dangereux, et remarquable par la ruse dont il se sert pour en faire sa proie. Il se lient le plus souvent aux environs de l’extrémité septentrionale de la Norwége, qu’on appelle cap Nord, d’où il a tiré son nom. Ce poste ne peut être plus favorable à ses vues ; car il est d’abord averti du passage des harengs qui côtoient la Norwége en descendant du nord. Lorsque toutes les troupes de harengs ont dépassé sa demeure habituelle, son intérêt l’amène aux environs de l’Islande. Là, quand il est pressé par la faim, il a l’adresse de rassembler les harengs dispersés dans les golfes de l’île, et de les chasser devant lui vers la côte. Lorsqu’il les voit en assez grande quantité, il les resserre le plus qu’il peut dans quelque baie, et, par un coup de queue, il y excite un tourbillon très-rapide, et capable même d’entraîner de légers canots. Cette petite tempête étourdit et comprime tellement les malheureux harengs, qu’ils se précipitent par milliers dans sa gueule qu’il tient ouverte. Il les y attire encore en aspirant avec force l’air et l’eau, ce qui les entraîne directement dans son estomac comme dans un gouffre.

L’aile gauche des harengs, par sa marche, est plus à portée de notre connaissance ; elle se porte à l’orient, et, après avoir détaché une colonne qui rase les côtes orientales et occi-