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d’autres mers, car ils disparaissent entièrement.

C’est au commencement de l’année que débouche des mers du pôle la troupe innombrable des harengs. Elle se montre d’abord à l’endroit de la mer où elle paraît le plus large, et son étendue occupe, suivant un auteur anglais, pour le moins autant d’espace en largeur que toute la longueur de la Grande-Bretagne et de l’Islande. Son aile droite se détourne vers l’occident ; elle tombe au mois de mars sur l’Islande, et c’est là principalement que les colonnes de harengs sont d’une épaisseur prodigieuse. La quantité de gros poissons qui les attendent, les oiseaux de mer qui fondent sur eux par milliers les font tenir tellement serrés de tous côtés, qu’on les aperçoit de loin par la couleur noirâtre de la mer, et par l’agitation qu’ils y excitent en s’élevant souvent jusqu’à la surface, et s’élançant même en l’air pour éviter un danger pressant. Si alors on va au-devant d’eux, et qu’avec une espèce de pelle dont on se sert pour arroser les voiles des vaisseaux, ou un autre instrument large et creux, on puise de l’eau, on est certain de tirer chaque fois un grand nombre de harengs. Au reste, on ne sait pas si cette colonne, avant d’aborder l’Islande, n’envoie pas un fort détachement au banc de Terre-Neuve, et on ignore de même ce que devient le reste de la colonne qui file le long de la côte occidentale de l’île. Ce qu’il y a de certain, c’est que ses golfes, ses détroits, ses baies sont tous remplis de harengs, et en même temps de quan-