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mons conformés presque comme les animaux terrestres, ont toujours besoin d’air pour respirer ; en sorte que ces petits poissons jouissent, dans leur retraite, d’un repos qui ne peut être troublé ni par les gros poissons, ni par les pêcheurs, qui ne peuvent en approcher. » Il arrive de là que, se multipliant prodigieusement, leur nombre s’accroît au point, qu’enfin la nourriture leur manque, et les oblige à détacher des colonies pour aller vivre ailleurs. Peut-être aussi qu’un petit reste de ces colonies, ou du moins leur progéniture, après bien des détours dont nous parlerons incessamment, s’en retourne ensuite vers le pôle pour contribuer à la conservation de l’espèce.

Sortant des glaces du nord, les troupes de harengs sont aussitôt attaquées par toutes les grosses et les petites espèces de poissons destructeurs, qui, pressés par la faim et conduits par un instinct particulier, vont à leur rencontre, et les chassent continuellement devant eux de la mer glaciale dans l’Océan atlantique. Les harengs, effrayés, cherchent bientôt les côtes, et se jettent dans les golfes, les bas-fonds, et même aux embouchures des fleuves, tant pour y trouver un asile contre leurs ennemis que pour mettre leurs petits en sûreté. Aussitôt qu’ils ont jeté leur frai, ils continuent leur route ; et le même instinct qui fait voyager les pères porte leurs enfans à les suivre dès qu’ils en ont la force. Tous ceux qui échappent aux filets des pêcheurs se rendent vraisemblablement dans