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graisse. Cependant la multiplication excessive de ces poissons les force à sortir de leur lieu natal, à se répandre sur les côtes qui environnent la mer du Nord, et à venir s’offrir eux-mêmes aux peuples qui les habitent, et dont l’industrie supplée, par le commerce de ces poissons, au défaut des autres productions que la nature a refusées à leurs climats.

Les Islandais doivent donc à leur situation l’avantage de recevoir en abondance avec tous les vents, dans les golfes et dans les baies de leur île, toutes sortes de bons poissons qui viennent immédiatement du nord.

Les principaux et les plus utiles sont le hareng, la morue, le merlan, le turbot, le fletan et les soles.

Le hareng ou le poisson couronné, comme l’appellent les pêcheurs danois, est si généralement connu, qu’il n’est pas besoin de le décrire. On croit communément que les harengs ne vivent que du limon de l’eau, et c’est une erreur fort accréditée parmi les pêcheurs. Mais l’examen de leur bouche, dans laquelle on voit de petites dents, prouve dune manière incontestable que ces dents ne leur ont pas été données pour avaler de l’eau. En effet, des curieux ont trouvé dans l’estomac de ces poissons des alimens solides. Neukrants, qui a donné un traité sur les harengs, rapporte qu’il a souvent trouvé dans l’estomac d’un de ces poissons plus de soixante petits crabes à moitié déchirés. Leuwenhoeck ayant fait la dissection de quel-