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vont et viennent sans crainte avec leurs umiaks ou grands bateaux.

Les Hollandais qui naviguent au Groënland m’ont raconté, poursuit Égède, comme une vérité constante et reconnue, que leurs vaisseaux ont quelquefois trouvé cette côte orientale entièrement libre et dégarnie de glaces jusque sous le 62e. degré ; qu’ils y ont mouillé dans les baies avancées, et fait un commerce considérable avec les sauvages.

Je m’en rapporterai à leur relation d’autant plus volontiers que moi-même, en 1736, à mon retour du Groënland en Danemarck, après avoir doublé le Statenhoek et le cap Farewell, je ne vis pas la moindre glace, quoique je fusse fort près des terres. Mais comme je crois que c’est un hasard auquel on ne peut se fier, il est plus sage et moins dangereux de tenter cet abord avec des bateaux que sur des vaisseaux. Il faudrait donc établir une loge ou un comptoir sur la côte occidentale, entre le 60e. et le 61e. degré, et, s’il se pouvait, en bâtir un autre à la même hauteur sur la côte orientale, pour diminuer le danger avec la longueur du trajet.

Si l’on en croit les relations des plus anciens auteurs qui parlent du Groënland, il ne devait y avoir que douze milles (mesure de Norwége) de terres inhabitées entre la colonie de l’orient et celle de l’occident, ou tout au plus, selon d’autres, un voyage de six jours par bateau. Mais, pour s’assurer de la communication que