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ne croient pas devoir enchaîner au joug de la religion ceux que leur grâce victorieuse n’y a point appelés.

Égède, en conséquence de ces principes conformes aux décisions des pasteurs ses collègues, dès le mois de février 1729 baptisa seize enfans, dont les parens demandaient cette faveur pour eux-mêmes ; et il y prépara les adultes par des instructions qu’il chargea Poëh, baptisé sous le nom de Frédéric Christian, de répandre dans les îles et les habitations du Groënland.

Mais le ciel ne forçait point la nature qui maîtrisait les hommes. La pêche de la baleine ne réussissait point aux Danois ; ils ne tiraient presque rien des Groënlandais, qui cachaient leurs marchandises pour les vendre plus cher à d’autres nations de l’Allemagne. Les vaisseaux d’approvisionnement n’arrivaient à la colonie que bien avant dans l’été, et ne pouvaient retourner à Bergen qu’après l’hiver suivant ; de sorte que chaque voyage était d’un an, et le même vaisseau ne reparaissait à la colonie que tous les deux ans. Rien n’y prospérait quand Frédéric IV mourut, et tout fut détruit. Christian VI, son successeur, ne voyant point rentrer dans l’épargne le remboursement des avances considérables qu’avait déjà coûtées l’établissement du Groënland, et sachant que le christianisme, depuis près de dix ans, n’y avait pas fait plus de progrès que le commerce, envoya des ordres, en 1731, d’abandonner ces