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ces gens expatriés, et au manque d’exercice ; car il observa que les matelots et les premiers colons qui travaillaient toujours n’en furent guère infectés. Cependant, les artisans et les gens les plus utiles en moururent ; de même, tous les chevaux périrent faute des soins et de la nourriture qui conviennent à leur espèce. Ce n’est pas qu’ils eussent été d’aucune utilité pour voyager sur les montagnes comme ils y étaient destinés, mais on en aurait tiré de grands services pour la culture des terres. Ce qu’il y avait de plus fâcheux, c’est que tous les gens, la plupart de mauvaise vie, dès qu’ils virent que le Groënland n’était pas une terre de promission, et qu’ils n’y trouveraient point les délices ou la fortune dont on avait peut-être flatté leur espérance, firent éclater les plaintes et les murmures. Le mécontentement produisit parmi les soldats une sédition si violente, que la vie des officiers fut en danger, mais surtout celle des missionnaires, sur lesquels cette troupe de mutins rejetait la faute de leur exportation et de la misère où ils se voyaient réduits. Chacun fut obligé de se tenir sur ses gardes, et Égède lui-même, qui aurait pu, dit-il, dormir en sûreté parmi les sauvages, était forcé d’avoir des armes auprès de son lit pour se défendre des chrétiens de son pays.

La perte de ces séditieux moissonnés par la contagion fut donc un gain pour les Danois et les Groënlandais, qui se virent ainsi délivrés d’une populace dont les mœurs et le caractère