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des Groënlandais. Il y travailla cinq ans entiers, avec ce peu de fruit qui rend la constance plus méritoire, et qui, lassant le courage des âmes faibles, réserve toute la gloire à la persévérance des hommes intrépides.

Enfin l’année 1728 dut lui promettre quelque récompense de ses travaux passés. Le Groënland vit arriver cinq vaisseaux du Danemarck, dont l’un était armé en. guerre. Ils portaient des matériaux, du canon et des munitions pour établir un fort dans une nouvelle colonie, avec une garnison sous un gouverneur et un commandant qui devaient protéger le commerce des Danois et défendre les Groënlandais contre les incursions de certains écumeurs qui leur volaient l’huile et les côtes de baleine. On envoyait de Copenhague, pour former, peupler et cultiver la colonie, beaucoup de gens mariés, hommes et femmes, des maçons, charpentiers, artisans et ouvriers de toute espèce, les uns volontaires, et les autres tirés des prisons ; on avait même embarqué des chevaux pour aller sur les montagnes à la découverte des terres in connues ou des pays perdus. Enfin l’un des vaisseaux avait ordre de prendre terre, s’il était possible, sur la côte orientale.

Mais tous ces préparatifs furent à moitié ruinés par une contagion qui se mit parmi ces nouveaux colons, comme il arrive presque toujours dans ces sortes de transplantations. Égède attribue cette épidémie, qu’il croyait différente du scorbut, au nouveau genre de vie que menaient