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quatre jours après il entra dans le port, et délivra Égède et son troupeau des extrémités d’une famine prochaine, mais non pas de toute crainte. On apprit en même temps que l’autre vaisseau d’approvisionnement, parti dès le printemps, avait fait naufrage ; et celui qui venait d’arriver, ne pouvant se remettre en mer au mois d’août à cause des glaces, devait passer l’hiver à la colonie, ce qui ne manquerait pas de décourager la compagnie de Bergen.

En effet, les deux vaisseaux qui vinrent en 1727 apportèrent pour nouvelle que cette société s’était entièrement dissoute, et ne voulait plus courir les risques d’un commerce qui n’apportait aucun profit, quoique le roi, par zèle pour les missions, le soutînt toujours, et même se fût engagé, pour ainsi dire, à s’en charger seul malgré le peu de succès de ses commencemens. Égède, de son côté, ne voulant point abandonner ses projets de conversion, travaillait de toutes ses forces à seconder les bonnes intentions du monarque en cherchant les moyens de suppléer à la stérilité de ce commerce ingrat. Il nous dit lui-même que, dans cette vue, il avait fait divers essais de chimie, mais qui ne lui réussirent pas. Le chimiste et le missionnaire cherchaient des choses trop opposées pour les rencontrer sur la même route. Égède abandonna donc au temps et aux hommes les intérêts de la terre, et se contenta de poursuivre une entreprise dont le succès ne devait appartenir qu’au ciel : c’était la conversion