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Le missionnaire fit bonne garde en attendant le facteur : à son arrivée, il marche aux conjurés, et fait saisir l’auteur de la conspiration ; mais, content de l’avoir intimidé pour l’avenir, il lui fit grâce à la sollicitation de tous les Groënlandais.

Cette alarme fut suivie d’un danger qui jeta la colonie dans la plus grande consternation. On était au commencement de juin 1726, lorsqu’une montagne de glace, poussée par les courans vers la côte, fit périr un vaisseau à la vue de la colonie. On ne douta point que ce ne fût celui qu’on attendait de la Norwége pour les provisions de l’année. Égède, pour remédier à la disette dont on se voyait menacé, résolut d’aller avec deux chaloupes vers les baies du sud, où se rendaient les pêcheurs de baleine allemands, et d’acheter de cette nation les vivres qui manquaient à la colonie danoise. Il avait cent lieues à faire ; et comme il craignait d’arriver trop tard, il alla jour et nuit, et dans cinq jours il arriva ; mais on ne voulut lui céder que peu de provisions, parce que les vaisseaux, avant de retourner en Allemagne, devaient aller sur la côte de l’Amérique à la pêche de la baleine. Cependant il obtint qu’un de ces navires recevrait sur son bord le facteur et neuf hommes, pour décharger d’autant la colonie. Celui qui le montait promit qu’à son retour de la pêche il passerait à la colonie pour y prendre des marchandises. En l’attendant, le missionnaire y ménagea les vivres avec