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fort enchanté de l’Europe qu’il ne voulût reprendre la vie sauvage et se retirer vers les côtes méridionales du Groënland avec une femme de la colonie danoise. Enfin on lui fit épouser une Groënlandaise, après bien des difficultés de la part de cette fille, pour se marier avec un homme qui s’était dégradé par un genre de vie étranger aux mœurs de son pays.

Tels étaient les obstacles qu’Égède rencontrait dans sa mission, et les moyens qu’il employait à planter la foi chez les Groënlandais. Après avoir pris beaucoup de peine à s’instruire de leur largue, il était obligé de chercher à nouveaux frais le sens des mots qu’il croyait mal à propos avoir bien entendus une semaine auparavant. Heureusement ses enfans suppléèrent à son défaut, et ils apprirent si bien le langage et la prononciation du pays, qu’ils l’aidèrent à commencer une grammaire groënlandaise, et à traduire quelques Évangiles du dimanche, avec des questions et des explications.

L’année 1725 apporta de bonnes nouvelles à la colonie : deux vaisseaux venus de Bergen répandirent la joie en apprenant que la cotisation avait déjà produit une somme de quatre-vingt mille écus pour les nouveaux établissemens du Groënland. Mais ce plaisir fut troublé bientôt après quand on vit revenir au mois de juin un de ces vaisseaux avec tous les colons de Népisének qu’il avait été obligé de prendre sur son bord, parce qu’ils n’avaient pas assez de