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les Groënlandais lui ayant fait entendre qu’au lieu de venir de l’orient par le détroit, c’était la mer Occidentale qui les poussait dans les terres, il désespéra de trouver une communication des deux mers à travers le Groënland. Il voulait se rendre à la côte orientale par le détroit du cap Farewell, lorsque les Groënlandais lui représentèrent que le chemin était long, le passage orageux, le courant très-fort, et surtout qu’il n’y avait rien de si cruel que les habitans de ces bords où il prétendait les mener. D’ailleurs il n’avait point fait de provisions pour l’hiver ; il fut donc obligé de s’en retourner, et de refaire en dix-neuf jours un voyage de cent lieues qu’il avait fait en quinze jours. Mais son temps ne fut pas perdu : car on lui fit remarquer en passant beaucoup d’îles où les Norwégiens avaient laissé des traces et des monumens de leur séjour. Dans un endroit surtout appelé Kokoktok, entre le 60e. et le 61e. degré de latitude, il observa les ruines d’une église qui avait cinquante pieds de long sur vingt de largeur, entre des murailles épaisses de six pieds, avec des portes au midi et une plus grande à l’ouest. On voyait une seule fenêtre au nord, et quatre autres étaient ouvertes au midi. Les murailles étaient assez bien travaillées pour l’architecture, mais sans aucune peinture ni sorte d’ornemens. Les murs du cimetière étaient encore sur pied. On voyait tout auprès une grande maison et beaucoup de petites. Égède enleva un morceau des décombres de l’église, dans