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fût en commençant. Il apprit, d’un autre côté, que le roi, voulant soutenir la mission de tout son pouvoir, avait déjà établi une loterie en faveur de cet objet, et que comme ce moyen ne réussissait pas, il avait mis une légère contribution sur ses royaumes de Danemarck et de Norwège, sous le nom de la cotisation du Groënland.

Le missionnaire, redoublant d’espérance et d’ardeur, fit de nouveaux efforts. Il prit avec lui deux de ses enfans pour aller passer l’hiver chez les Groënlandais, résolu de s’instruire lui-même de l’état du pays tandis que ses enfans en apprendraient la langue en se mêlant avec des nationaux de leur âge. C’est peut-être un des meilleurs moyens d’établir des colonies et des missions chez les sauvages, mais le seul que le gouvernement et le zèle religieux aient négligé dans les états catholiques.

Il engagea de plus, par des caresses et des présens, deux petits orphelins abandonnés à venir vivre avec lui. Cet exemple de bienfaisance enhardit une famille de six personnes à le prier de les recevoir dans sa maison ; mais il s’aperçut bien que ce n’était que faute de subsistance et pour vivre à ses dépens ; car, dès que le printemps eut ouvert la mer aux pêcheurs, tout ce monde qu’il avait logé et nourri durant l’hiver prit congé du pasteur sans rien dire ; et même les deux enfans qu’il croyait s’être attachés pour toujours s’échappèrent l’un après l’autre. Il avait d’abord obtenu d’eux qu’ils re-