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était l’auteur ou la cause de ce malheureux voyage ; et comme la galiote de munition était plus lente à revenir qu’on ne l’avait espéré, l’équipage résolut de repartir avec le vaisseau qui avait hiverné au Groënland. Égède était dans la plus grande perplexité, ne voulant ni quitter sa mission, ni rester seul avec sa femme et quatre enfans pour les voir périr de misère. Il obtint qu’on attendrait jusqu’au mois de juin le retour de la galiote, à condition que, si elle n’était pas revenue avant la fin de ce mois, on se rembarquerait en lui laissant quelques provisions. Il avait même engagé six hommes à rester avec lui ; mais quand ils virent que le peu de provisions qu’on leur offrait ne suffirait qu’à peine pour six mois, ils lui dirent qu’en cas de disette ou de besoin, ils passeraient sur quelques vaisseaux allemands pour retourner en Europe. Le pasteur résolut donc de suivre le troupeau et de s’embarquer avec l’équipage. Mais sa femme, lui reprochant sa faiblesse, dit à ceux qui commençaient déjà à démolir l’habitation, qu’il ne fallait pas se défier ainsi de la Providence, et qu’elle avait une certitude que la galiote était en route pour arriver incessamment. En effet, tandis qu’on se moquait de la prophétesse, on vit dès le 27 juin le vaisseau qu’on attendait. Égède reçut en même temps les nouvelles les plus encourageantes de la part des marchands de Bergen, qui lui promettaient de continuer le commerce du Groënland, quelque désavantageux qu’il