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d’ambassadeur de son Dieu, de souffler sur leurs malades, afin de les guérir, comme faisaient les angekoks. Le pasteur danois fut obligé, pour gagner le cœur de ce peuple, de condescendre à ces demandes. Mais il ne se vanta point d’avoir exaucé tous leurs vœux, ni mérité leur confiance par des guérisons, en cela plus modeste que la plupart des missionnaires.

Le commerce ne fit pas dans les commencemens beaucoup plus de progrès que la religion. Les Groënlandais étaient pauvres, et le peu de superflu qui leur restait à la fin de l’hiver, ils le réservaient pour les Allemands, accoutumés depuis bien des années à trafiquer avec ce peuple. Ainsi, dès le printemps de 1722, les Danois virent avec peine une petite flotte de vaisseaux allemands aborder au Groënland, et acheter en une demi-heure plus de marchandises qu’ils n’en avaient eux-mêmes pu avoir dans tout l’hiver.

Déjà les provisions menaçaient de leur manquer : car, s’étant figuré la pêche et la chasse beaucoup plus abondantes au Groënland qu’elles ne l’étaient réellement, ils avaient embarqué très-peu de viande et de poisson. Comme ils ne connaissaient pas le pays, que les rennes et les lièvres y étaient rares, et que la pêche au filet ne leur rendait presque rien, la disette se fit sentir avant la fin de l’année, et plusieurs d’entre eux, furent attaqués du scorbut. Alors on commença à murmurer contre le ministre qui