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qu’il fallait se préparer à la mort. Le péril était grand, le vent violent ; un brouillard épais couvrit l’air jusqu’à minuit ; mais nous nous trouvâmes insensiblement plus au large ; le vent tomba, le brouillard disparut, et nous vîmes que nous étions entièrement dégagés des glaces. Le reste de la route se fit gaiement, et le 3 juillet nous abordâmes enfin la terre après laquelle nous avions tant soupiré. »

C’est à Bals-Fiord que débarqua Égède, dit Crantz, qui continue ou répète l’histoire de ce zélé missionnaire, d’après le journal que celui-ci donna lui-même de ses travaux ; journal qui contient l'espace de quinze ans, et qui fut imprimé en 1738.

Aussitôt que le vaisseau fut arrivé, l’équipage se bâtit une maison de pierre et de terre, revêtue de planches. Ce fut dans une île qu’on appela l’île de l’Espérance, du nom du vaisseau. La maison fut occupée dès le dernier jour du mois d’août.

Les Groënlandais virent d’abord leurs nouveaux hôtes d’assez bon œil, quoique avec une sorte d’inquiétude de ce qu’ils étaient venus avec des femmes et des enfans. L’étonnement fit place à la frayeur quand ils comprirent, en leur voyant bâtir un logement, que ce n’était pas pour un trafic de quelques mois, mais pour s’établir dans ce pays, et dès lors ils ne voulurent plus recevoir ces étrangers dans les tentes ou les cabanes. Cependant on vint à bout, par des présens et des prévenances, de rendre les