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entreprise de navigation pour ce pays si redouté. Ils prirent mon dessein à cœur, et s’engagèrent à m’assister, pourvu qu’on trouvât un assez grand nombre d’intéressés dans cette affaire. Nous ouvrîmes une souscription. Je m’y engageai pour trois cents rixdales, et quelques autres pour de moindres sommes. J’allai avec l’original de la souscription chez l’évêque et les principaux du clergé de la ville qui voulurent concourir à l’œuvre du ciel : bientôt des marchands souscrivirent à l’exemple des pasteurs, et je fus assuré d’un fonds de dix mille rixdales.

» Quoique cette somme ne fût pas suffisante pour achever l’entreprise, on commença par acheter un vaisseau nommé l’Espérance, qui devait nous transporter au Groënland, et même y passer l’hiver. La Compagnie fréta deux autres bâtimens, l’un pour la pêche de la baleine, et l’autre pour nous suivre et rapporter à Bergen des nouvelles de notre arrivée.

» Dans ce même temps, on m’écrivit de Copenhague, le 15 mars 1721, que le roi m’allait nommer son missionnaire pour le Groënland, avec une pension de trois cents rixdales, sans compter deux cents autres pour les préparatifs de mon voyage. Tout étant disposé pour le départ, l’équipage se rendit le 2 mai suivant à bord du vaisseau l’Espérance, et dès le lendemain nous mîmes à la voile au nombre de quarante-six personnes, en y comprenant ma famille. À peine fûmes-nous sortis du port, qu’un