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douloureux que je fis à mes chers paroissiens, à ma mère, à ma sœur et à mes amis, je me mis en route au mois de juin 1718, avec ma femme et quatre enfans, dont le dernier n’avait pas encore un an, et nous arrivâmes à Bergen.

» Là, dès qu’on fut informé du motif de mon voyage, chacun en parla diversement : les uns me traitaient de visionnaire, les antres de fou ; quelques-uns applaudissaient à mon zèle, dont les fruits pouvaient devenir utiles à l’état.

» Mon premier soin fut de chercher des gens capables d’entreprendre le commerce et la navigation du Groënland. J’en trouvai qui, après avoir envoyé des vaisseaux, dégoûtés de ce commerce par la prépondérance de celui des Hollandais, qui augmentait en ce pays-là d’une année à l’autre. Cependant quelques-uns promirent que, si la paix se faisait, et que le roi voulût les protéger et les aider, ils tenteraient d’équiper encore un vaisseau pour le Groënland. J’attendis donc la fin de la guerre, que la mort de Charles xii, roi de Suède, éteignit tout à coup en 1719. Dès le printemps de cette année, je me rendis à Copenhague, où je restai jusqu’au retour du roi, qui était encore en Norwége. À son arrivée, on lui présenta mon mémoire, et j’eus l’honneur d’être admis à son audience. Il approuva mon dessein, et me parut dans les meilleures intentions sur les moyens de porter l’Évangile aux Groënlandais. J’appris bientôt après qu’il envoyait un ordre aux magistrats de Bergen de proposer aux marchands de cette