Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commerce à établir, et au missionnaire des âmes à conquérir. Il faut entendre parler ce religieux pasteur pour mieux juger du mérite de son entreprise, par les motifs, les obstacles et les moyens qui servirent à en rehausser le prix et l’importance.


CHAPITRE V.

Premiers établissemens danois dans le Groënland.

« J’écrivis en 1709, dit Égède, à un de mes parens de Bergen, qui avait navigué dans le Groënland, pour lui demander des éclaircissemens sur ce pays. Il me répondit que dans le Groënland qu’on appelait méridional, et qui était connu depuis le 60e. degré de latitude jusqu’au 74e., on voyait des hommes sauvages ; et que, pour la partie orientale, où s’étaient anciennement établies des colonies norwégiennes, on ne pouvait plus en avoir connaissance, à cause des glaces flottantes qui défendaient l’approche des côtes.

» Cette réponse me toucha. D’un côté, je voyais des sauvages à éclairer, des Norwégiens à conserver soit au christianisme, soit à la patrie ; et de l’autre j’étais chargé non-seulement du soin d’une paroisse, mais d’une femme et d’un enfant. Je ne savais à quoi me résoudre, incertain et flottant entre le bien de la religion