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pêche des perles dans le Jutland. L’un mourut de froid dans cet exercice, et l’autre de chagrin d’avoir perdu son compagnon.

En 1636, une compagnie de marchands de Copenhague équipa deux vaisseaux pour le Groënland : ils y enlevèrent encore deux sauvages. Quand on fut en pleine mer pour s’en retourner, on voulut les laisser aller sur le tillac : ces malheureux se jetèrent dans l’eau, et probablement se noyèrent en voulant regagner les bords de leur terre natale. Ces mêmes vaisseaux revinrent chargés d’un sable qu’on avait pris pour de l’or à la couleur et au poids : mais ce sable, mis au creuset par les orfèvres de Copenhague, n’étant trouvé bon à rien, fut jeté dans la mer : et le capitaine qui en avait fait charger les vaisseaux tomba dans la disgrâce du grand-maître du royaume, qui était à la tête de l’entreprise, et il mourut de chagrin. Après neuf ou dix voyages faits depuis le commencement du dix-septième siècle jusqu’en 1674 pour découvrir le Groënland en tout ou en partie, et pour y former des établissemens, les Danois se dégoûtèrent de ces tentatives inutiles, et ne pensèrent plus à cette terre ingrate qui semblait se dérober à leurs poursuites.

Enfin Égède, pasteur de Vogen, en Norwége, poussé par un zèle de religion plus fort et plus puissant que la cupidité, ramena les vues du ministère de Danemarck vers ce pays, qui présentait à la couronne une branche de