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devint si enragé de se voir pris, dit La Peyrère, que les Danois, ne pouvant le traîner, l’assommèrent à coups de crosse de mousquet ; ce qui fit peur aux trois autres, qui se laissèrent emmener. L’année suivante, Lindenau retourna du Danemarck au détroit de Davis, avec les sauvages qu’avait pris Jean Knight. Dans le premier endroit où il aborda, les habitans n’osèrent pas s’aboucher avec les gens de son vaisseau. Dans un second mouillage, les sauvages se mirent en posture de défense. Il prit encore terre en un troisième endroit de la même côte, et l’un de ses gens ayant tenté de descendre pour attirer les sauvages par des présens, ils le tuèrent et le mirent en pièces à coups de couteau, pour se venger de la mort d’un des quatre qu’on avait enlevés l’année précédente.

Les Groënlandais amenés à Copenhague sur les deux vaisseaux expédiés en 1605 eurent le sort le plus déplorable : deux y périrent de chagrin, après avoir tenté de s’enfuir sur des canots dans leur pays, vers lequel ils tournaient sans cesse des regards tristes et languissans, avec de profonds soupirs. Deux autres prirent aussi la fuite ; on en rattrapa un qui fut ramené à Copenhague. On remarqua qu’il pleurait amèrement toutes les fois qu’il voyait un enfant dans les bras de sa mère ; d’où l’on augura qu’il devait avoir lui-même une femme et des enfans quand il fut enlevé de son pays. Deux de ces sauvages vécurent dix ou douze ans avec les Danois, qui les employèrent à la