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septentrional, pour le distinguer d’eux-mêmes qui se nomment Sud-landais, ou méridionaux. Ce sont des sauvages sans culture ni morale, auprès desquels les Groënlandais de l’ouest se regardent comme un peuple policé ; mais ils n’ont jamais entendu parler des Norwégiens, ni de leurs églises, ni de leurs colonies : c’est qu’ils n’habitent que des îles où ils sont bloqués par les glaces. Cependant ils n’ont point vu de glaces flottantes depuis trois ou quatre ans. Ils en sont plus étonnés que nous, qui n’en avons point eu depuis 1756 jusqu’en 1762 ; mais la mer leur a charrié beaucoup plus de bois flottant qu’à l’ordinaire. Ce peuple ne demande que du fer et des os. C’est pour en avoir qu’ils entreprennent depuis dix ans des voyages très-périlleux. Ils apportent des peaux de renard, de phoque, des cuirs, des chaudières de pierre ollaire, qu’ils donnent sans compter, comme ils prennent ce qu’on leur rend en échange, regardant avec curiosité le linge, les étoffes de laine ou d’autres marchandises étrangères, mais sans paraître s’en soucier.

Voilà tout ce qu’on a pu recueillir de plus certain ou de moins fabuleux sur la côte orientale du Groënland. Que n’a-t-on pas fait pour la retrouver ! Frédéric ii, roi de Danemarck, après un siècle d’interruption de toute espèce de commerce ou de voyage au Groënland, y envoya en 1578 le fameux navigateur Heinson, qui découvrit à la vérité ce pays, mais de loin, et sans y aborder, quoique la saison fût belle