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descendent des restes et des débris des colonies norwégiennes, qui ont conservé une haine héréditaire contre les indigènes.

Un autre facteur, très-curieux d’interroger les Groënlandais sur la nature de leur pays, et capable de réduire aux justes bornes de la vraisemblance toutes les descriptions fabuleuses et contradictoires, m’a raconté, dit encore Crantz, les particularités qu’on va lire.

Les Groënlandais occidentaux qui doublent le cap des États sont arrêtés au bout de quelques jours de navigation par un golfe si rempli de glaces, que, jointes au courant qui les entraîne dans la mer, elles empêchent les bateaux d’aller plus avant. « J’ai des raisons de croire (c’est le facteur qui parle) que ce golfe rend dans le détroit de Frobisher, qui, après avoir été jadis navigable, s’est trouvé depuis un temps immémorial entièrement fermé par les glaces. Ce détroit peut avoir environ cent ou cent vingt lieues de longueur. » Au-dessus est le vieux Groënland, ce pays perdu, qui ne vaut peut-être pas la peine d’être retrouvé. En 1751, deux Groënlandais passèrent le golfe des Glaces, et le repassèrent. Pendant les années 1756, 58, 60 et 61, quelques habitans de la côte orientale vinrent jusqu’au cap des États pour trafiquer avec ceux de l’ouest. Ils sont trois mois à venir, et s’en retournent peu de jours après, pourvus de ce qui leur manquait. Les Groënlandais du Statenboek disent que ce peuple doit venir de bien loin, et il l’appellent Nort-landais, ou