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leur nourriture que des vieillards et de jeunes orphelins, parce qu’ils sont inutiles, épargnant préférablement leurs chiens, dont ils tirent de grands services. Ils sont vêtus de peaux, mais grossièrement jointes, faute d’aiguilles, car ils n’ont pas de fer ; aussi sont-ils bien contens quand ils trouvent quelques clous dans les planches et les bois flottans que le naufrage ou les courans jettent sur leurs rivages. Jamais ils n’ont vu de vaisseaux, et leurs bateaux ne vont point à la voile. »

Un facteur des colonies danoises m’a fait, dit Crantz, le récit suivant au sujet des habitans de la côte orientale. En 1757, un Groënlandais du sud nous rapporta qu’il tenait de quelques personnes du pays qui avaient voyagé vers l’orient qu’on y trouvait dans une baie, entre des montagnes, un peuple qui tous les printemps venait sur la côte. Il est si nombreux, et d’ailleurs si cruel, qu’à son approche tous les Groënlandais fuient dans des îles sur leurs canots. Ce peuple, qui ne peut les suivre faute de bateaux, leur décoche une grêle de flèches (car il marche toujours le carquois sur le dos), et ruinant leurs habitations, il emporte dans ses montagnes tout ce qu’il a pillé.

Si l’on pouvait ajouter quelque confiance à ces récits, qui sont évidemment exagérés par les frayeurs populaires si naturelles à l’esprit humain, il y aurait lieu de conjecturer que tous ces peuples sauvages, qu’on prétend avoir trouvés sur la côte orientale du Groënland,