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norwégiennes, et les affaiblit sans doute au point que le peu de monde qui leur restait fut obligé de céder le terrain aux sauvages, et de se retirer des côtes de l’ouest à celles de l’orient ; car Yvar-Bioern, cet homme de loi, qui écrivait au quatorzième siècle terminait sa relation du Groënland par ces mots : « Toute la côte occidentale est maintenant occupée par les Skœrlings. » Ainsi les colonies norwégiennes, d’ailleurs abandonnées de leur métropole, furent détruites par la famine et les sauvages, ou réduites à s’incorporer avec des nationaux issus ou venus de l’Amérique. Peut-être aussi se réfugièrent-elles dans des montagnes et des îles, pour y repasser de l’état social des peuples civilisés, à la misère et à l’indépendance d’une vie sauvage.

L’histoire ne peut suivre les traces de ces colonies perdues ou dispersées qu’à la faible lumière qu’on tire avec peine des courses et des récits des sauvages eux-mêmes. Crantz a recueilli quelques-unes de leurs relations, qui peuvent exercer l’esprit de conjecture au défaut de matériaux plus authentiques.

Un Groënlandais, appelé Koiake, qui habitait à soixante lieues du cap des États, sur la côte orientale, vint en 1752 voir quelques-uns de ses parens établis à Neu-Herrnhut, maison des frères Moraves, située à Bals-Fiord. Cet homme raconta qu’il avait logé chez lui l’hiver précédent deux Groënlandais, qui avaient fait avec un troisième une excursion ou un voyage