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aller et venir parmi ces oiseaux, même quand ils sont sur leurs œufs, sans qu’ils en soient effarouchés. On peut aussi leur ôter ces œufs sans qu’ils quittent leurs nids, et sans que cette perte les empêche de renouveler leur ponte jusqu’à trois fois. Les petits qui naissent dans ces endroits y couvent l’année suivante, et se multiplient au profit du propriétaire.

L’estomac de cet oiseau est garni de ce duvet mou et élastique, connu sous le nom d’eiderdun, d’où vient notre mot corrompu d’édredon. Le meilleur est celui qu’on appelle duvet-vif, parce qu’il a le plus de ressort, et qu’il est encore le plus durable. L’oiseau se l’arrache de l’estomac pour faire son nid ; c’est là qu’on le ramasse, et qu’on l’enlève avec les œufs. La première ponte enlevée, le canard refait un autre nid, se déplume de nouveau, et pond d’autres œufs qu’on lui dérobe encore. Cependant il ne se décourage point ; un autre nid est bientôt refait et remplumé une troisième fois ; mais comme la femelle est alors toute dépouillée de plumes sous l’estomac, le mâle vient à son défaut, et se déplume à son tour. C’est ce qui fait que ce nouveau duvet est le plus précieux et le plus blanc ; car le mâle a l’estomac blanc, au lieu que la femelle l’a brun. Elle fait donc une troisième ponte ; mais si on enlève encore ses œufs, elle abandonne pour jamais cet endroit. Aussi les bons économes ont grand soin de lui laisser couver cette ponte ; ils sont assurés que,